Voilà une belle question qui mérite une analyse plus précise.
Pour commencer, et pour ma part, l’Eglise Gnostique Chaote est composée aujourd’hui, d’Évêques-Gnostiques ou de Gnostiques-Evêques ? Voyez bien le trait d’union sur le point que je reviendrai tout à l’heure.
- Les gnostiques et les églises chrétiennes
À l’époque du Christ, les gnostiques étaient bien présents ; nous en avons quelques noms célèbres comme Simon le Sage, Saint Thomas et Saint Philippe pour ne citer que les plus connus. S’il n’existe aucune trace historique ou écrits du premier, ce n’est pas le cas des deux autres, puisque présents dans l’Esprit de Pentecôte au cours duquel le Christ a transmis à chaque disciple le premier épiscopat.
Alors, certes, très rapidement après le départ de Jésus se sont engagées des luttes de préservation d’un dépôt propre à chaque communauté chrétienne naissante. Nous y voyons d’ailleurs dans le livre des actes des Apôtres les polémiques et les questions théologiques apparaître comme l’obligation ou pas de la circoncision, etc..
Dès cette époque, une séparation pour ne pas dire une occultation s’est faite entre la voie gnostique qui est une élévation personnelle et individuelle vers Dieu, et l’organisation progressive de l’Église chrétienne avec la première liturgie appelée la « Didaché » en une religion constituée et dogmatique.
Il faudra moins de 300 ans pour occulter de façon durable la recherche gnostique ; le temps nécessaire pour que l’Église primitive devienne l’Église Catholique et religion officielle de l’Empire romain au début du IVe siècle sous l’égide de l’empereur Constantin baptisé sur son lit de mort après un concile ayant défini un credo et donc un dogme imposé, toujours présent de nos jours.
Il est à préciser sur ce point que le Concile convoqué sous la direction de l’empereur Constantin, 2048 Évêques étaient présents. Le Dogme défini par le Credo ainsi que d’autres décisions sur l’organisation et l’autorité du Pontife de Rome, seuls 348 Évêques l’ont effectivement voté.
Cela n’a pas empêché au cours des siècles de voir apparaître des chercheurs de la Gnose, et donc de cette recherche personnelle profonde à vouloir suivre les pas du Christ Rédempteur, L’Église inventa des condamnations selon une échelle allant de la simple pénitence et l’expiation par enfermement dans un couvent jusqu’à la condamnation la plus grave d’hérésie et d’apostasie pour éliminer ses adversaires. Nous voyons donc un certain nombre ont été condamnés pour hérésies et qui ont fini exécutés par empalement, crucifixion, décapitation et pour ceux que l’on voulait que rien ne subsiste de leur passage sur terre, le bûcher. La plus célèbre condamnation de masse s’étant soldée par l’extermination des cathares.
Il est à noter sur ce point que l’extermination des apostats et hérétiques faisait indiscutablement partie de l’héritage canonique transmis par les Pères de l’Église. Le pape pouvait se référer par exemple à l’attitude de Saint Augustin, à ses textes vis-à-vis des donatistes d’Afrique du Nord aux 4e et 5e siècles.
L’Église s’était développée sur la fin de l’Empire romain dans un contexte d’affaiblissement des notions de droit dont elle avait profité pour imposer son monopole idéologique, monopole qu’elle tenait à sauvegarder coûte que coûte.
En conclusion, de cette première partie, on peut considérer que parmi les premiers évêques institués par le Christ, il y avait donc des Gnostiques – Évêques, mais qui n’ont pas jugé utile du moins « officiellement » de former des suivants. Nous n’avons aucune trace de ces Gnostiques Évêques après le 2e siècle de notre ère.
Toutefois, j’invite à chacun d’étudier l’église cathare dont les derniers représentants ont été condamnés pour hérésies et massacrés par l’Église de France aux 12 & 13e siècle. Ne n’agissait-il pas d’une église gnostique par excellence ?
Je laisse à chacun d’étudier le sujet
- Doinel et le renouveau gnostique
Nous ne reviendrons sur l’histoire moderne de la naissance de l’Église Gnostique par Jules Doinel. J’invite chacun à relire les différents articles faits par notre éminent Frère Tau Héliogabale. Celui-ci vous explique tout et il est inutile de faire de la « redite ».
Cette renaissance s’est faite avec des membres de différentes organisations ésotériques de cette époque, avec une bonne part de Martinistes émanant de l’Ordre fondé par le Docteur Gérard d’Encausse plus connu sous le nom de Papus, mais aussi d’organisations spiritualistes avec des personnages hauts en couleur comme Guenon, Fabre des Essarts, Crowley pour n’en citer que quelques-uns.
Toutefois, c’est à partir de Monseigneur Jean Bricaud au tout début du XXe siècle, que s’est véritablement posé la question de posséder pour les gnostiques travaillant sur le message du Maître Jésus une véritable filiation. Si cette première église gnostique possédait comme toutes les organisations ésotériques de son époque une filiation spirituelle depuis le Plérôme et ses Apôtres.
Pour Bricaud, l’évidence s’est fait jour. Il a donc été réordonné Diacre et Prêtre, puis reconsacré Évêque (21 juillet 1913) par Monseigneur Louis Marie François Giraud, Évêque et Patriarche Gallican détenteur de la lignée Syro-Jacobite de Mgr J.R. Vilatte. Tout cela sans jamais renier son côté gnostique comme le témoignera par la suite, Mgr Giraud dans un document consigné par huissier.
À partir de cette date, on peut considérer qu’il est le premier « Évêque — Gnostique » ; c’est-à-dire un gnostique qui possède une table apostolique ininterrompue et incontestable depuis les Apôtres.
- La fragilité de conserver une apostolicité valide
Dans la longue histoire depuis le renouveau gnostique depuis environ 120 ans, nous avons vu la difficulté de conserver « pure » une apostolicité incontestable.
En effet, à peine obtenue par Jean Bricaud, l’un des prédécesseurs dans l’ordre apostolique de Mgr Robert Ambelain (bien connu dans beaucoup d’organisations) avait été consacré dans un bar en moins de 2 minutes.
Ce fait, confirmé par ce dernier, et bien que celui-ci se considère tout de même valide, cela créé immédiatement un doute légitime sur sa validité au regard des us et coutumes et règles généralement admises dans le monde par les grandes églises, et nous renvoie à la case départ puisque de fait, tous ceux qui furent consacrés à la suite de cet évêque en question sont considérés comme irréguliers et invalides.
Pour recevoir, l’épiscopat, il y a un certain nombre d’éléments nécessaires propres à la consécration qui sont en quelques mots : l’appel de l’Esprit Saint par la litanie, les mots, les prières et les paroles prescrites, l’imposition des mains, l’onction, la remise de l’anneau épiscopal, et le sacre final.
Comment peut-on imaginer une seule seconde que cela se fasse dans un lieu pareil en 2 minutes ? Il ne suffit pas d’avoir simplement l’intention de ce que fait l’Église pour être déclaré Évêque !!! Là, nous sommes dans une auberge espagnole où l’on peut tout imaginer et son contraire !
En conséquence de ce qui vient d’être précisé, cette lignée ne peut être considérée comme valide et valable. Ce qui donne clairement en toute logique que toutes les églises gnostiques et leurs évêques qui revendiquent ces mêmes tables apostoliques par Robert Ambelain sont invalides et sont donc retournés au point de départ à l’époque de Doinel et de Fabre des Essarts.
En l’absence de documents, il semble que Mgr Robert Ambelain n’a jamais été reconsacré ou même procédé à des échanges apostoliques à notre connaissance pour lui donner une autre voie à sa validité épiscopale.
Le blog de Jean Pierre Bonnerot a largement commenté les faits qui vous sont présentés dans ce chapitre : http://droitcanonique-et-equite.blogspot.fr/2014/05/
Enfin, ce doute a été connu très vite puisque Mgr Robert AMADOU émanant de la même lignée apostolique a été reconsacré « sub conditione » et dans le cadre d’un échange de tables apostoliques plus tard par Mgr Nills Bertil Person.
En dernier ressort, pour tout chercheur sur le chemin de l’épiscopat, ne jamais oublier la forme et le fond d’une consécration et ne jamais oublier de recevoir une bulle apostolique signée de votre consécrateur, de vos deux co-consécrateurs et accessoirement de témoins présents à cette cérémonie.
- Epilogue pour l’Église Gnostique Chaote
Notre éminent Frère fondateur Tau Heliogabale a toujours travaillé pour garder ces deux aspects propres à notre église, à savoir, le côté GNOSTIQUE et le côté EPISCOPAL VALIDE.
+ En juin 2013, il a échangé sub conditione nos tables avec celles de notre Frère en épiscopat d’une église celtique et gallicane, Mgr François Marie Fournier de Brescia.
+ Le 15 août 2016, nous nous sommes rendus en Suisse pour y recevoir par re consécration sub conditione les tables apostoliques de Mgr Nills Bertil Person. Ses tables sont reconnues par tous et sont incontestables (Catholique Romaine — Catholique Romaine du Brésil — Vieux-Catholique d’Utrecht — Catholique Libérale — Syro Jacobite et Gallicane directe de Mgr Vilatte, etc..).
+ Le 24 septembre 2016, nous avons transmis ce dépôt lors d’une cérémonie solennelle à Strasbourg à notre fondateur Tau Héliogabale ;
+ Le 15 octobre 2017, +Tau Héliogabale et +Tau Barakah Thomas, émissaire de +Mikael Basilides III, ont échangé leurs lignées apostoliques et gnostiques. L’E.G.C. recevant ainsi le dépôt total de l’Oriental Apostolic Church of Damcar, et au travers de celui-ci les lignées de +Peter Paul Brennan, de Tau Shir Ha Shirim (Allen Greenfield), de +Mgr. Eduardo Camacho, +Mgr. Duarte Costa, +Mgr. Ngo Dinh Thuc et de Mgr. Emmanuel Milingo ; la boucle est donc bouclée.
En conclusion, au sein de notre église gnostique, il y a bien aujourd’hui deux courants :
– le premier courant considère que la filiation spirituelle, spirite ou encore initiatique de Doinel suffit. Nul besoin d’avoir autre chose. Pratiquer la voie gnostique peut se faire sans nécessairement recevoir le sacerdoce dans le sens le plus pur.
– le second ne rejette pas la filiation Doinel mais sont des Frères et des Sœurs qui ont souhaité recevoir le dépôt depuis les Saints Apôtres, dépositaires du message christique. Ils sont alors reçus dans les différents ordres mineurs puis majeurs jusqu’au Presbytérat puis à l’épiscopat conformément au pontifical admis par toutes les grandes églises. La raison de ce second choix est une question de commodité pour exercer éventuellement un ministère plus officiel et public.
En définitive, la fonction de l’évêque ou épiscope est définie dans les lettres de Saint Paul à Timothée (Livre 1 – Chapitre 3).
C’est pour cela en résumé que nous avons des Gnostiques — Evêques et des Evêques — Gnostiques.
La différence entre Gnostiques et Évêques par Tau Jean Phyleas
Anno 2017 — Août